J’avais 13 ans quand j’ai fait mon premier jardin.

Un jour d’août, une tempête de pluie et de vent s’abattit sur ma ville, mon île. Cela m’attira dehors avec une force telle que je me plut à chausser des bottes de caoutchouc et un imperméable appartenant à mon père. Je me dirigeai alors vers le rond de fleurs que j’avais toujours vu depuis mon enfance dans le centre du terrain où notre maison d’été logeait.

Chaque été, mon père engageait des jardiniers pour entretenir ce rond de terre haut de 6 pieds et large de 24 pieds. Je les guettais du haut de ma chambre. La camionnette remplie de géraniums , de salvias rouges, d’alyssums odorants, arrivait dans l’allée centrale et s’arrêtait là où le rond de terre brune attendait d’être comblée de plantes fleuries. Je fus toujours la compagne silencieuse de ces jardiniers qui parlaient peu et travaillaient sans relâche. J’arrivais tranquillement et les observais.

Un jour, une fin de journée de juin, belle à couper le souffle comme seul peut l’être ce temps de l’année chez nous, le fils du jardinier m’offrit un géranium. Il en était resté un de trop. J’avais 7 ans, trop jeune pour tomber en amour avec ce prince des fleurs mais assez grande pour trouver le présent magnifique. Ce fut l’éveil.

J’oubliai cet événement pendant quelques années jusqu’à cette tempête du mois d’août de mes treize ans. Le vent, la pluie fouettaient mon visage. Je désherbais ce rond de fleurs pour la première fois de ma vie et c’était aussi la première fois que quelqu’un le faisait de tout cet été durant. Papa ne voulait plus payer pour ce travail de jardinier. Inutile de mentionner la charge de travail que c’était pour une petite personne comme moi qui n’avait jamais levé une pelle. La joie de travailler de concert avec cette nature déchaînée, quelle harmonie dans ce chaos et quelle beauté sauvage dans tout ce gris du ciel et de la terre !

Par la suite, j’ai agrandi ce jardin de mon père. J’en ai construit d’autres. Beaucoup d’autres!
Et voilà qu’en l’année 2000, un immense terrain m’était offert pour y jeter les bases de ce qui serait ma plus belle réalisation. De jour en jour, à partir du mois de mai jusqu’en novembre, de cette année-là à aujourd’hui, je n’ai cessé de planter des arbustes et des fleurs.

Des bulbes pour le printemps, plantés avec une joie sans nom durant les journées raccourcies d’octobre, les arbres de lilas, magnolias, cerisiers, rosiers, plantés au cours du mois de novembre, (à la Ste-Catherine tout arbre prend racine !) Mon jardin, c’est mon chez moi. Il est beau dans ma tête, il est beau comme ça. Les journées d’hiver sont remplies de rêves de jardin. L’été venu, je parcours ses allées qui serpentent entre les delphiniums , les pivoines et les clématites.

Chaque matin, chaque soir.

J’apprends le langage de la lune ; elle monte dans le ciel, je sème. Elle descend, je plante. Comment l’embellir, comment le rendre toujours plus beau afin qu’il m ‘apporte la paix et la sérénité, ces deux états d’âme si difficiles à trouver dans notre monde compliqué.

« Si tu veux être heureux toute ta vie, deviens jardinier »
Vieil adage chinois toujours vrai qui n’a pas pris une ride !
Mais, dans mon pays du froid et de la neige où l’été est toujours trop court, comment jardiner toute l’année ?
En devenant fleuriste ! Tout simplement…

NOTRE SÉLECTION DE FLEURS